Le roi Mathias 1er

de Janusz KORCZAK (1878-1942)

Les enfants auront les mêmes droits que les adultes et ils seront des citoyens à part entière. Les enfants obéiront, non plus parce qu'ils auront peur, mais parce qu'ils voudront eux-mêmes que l'ordre règne partout.

Gallimard jeunesse, 2004, 441 p. (folio junior)
Gallimard jeunesse, 2004, 441 p. (folio junior)

 

À la mort du roi Stephan, son fils, Mathias, est appelé à lui succéder.

Mais il n'a que dix ans, et il est bien seul face aux ministres et aux adultes qui n'entendent pas se laisser dicter leur conduite par un petit garçon.

 

Et puis il y a l'étiquette avec ses règles compliquées, qu'il est tenu d'observer comme tout monarque. Un monarque qui n'est vraiment pas comme les autres...

 

Car Mathias, l'enfant roi, rêve par-dessus tout de devenir le roi de tous les enfants !

 

(4e de couverture)

L'avis de Catherine, prof doc :

Voilà un roman que tout le monde devrait lire, enfant comme adulte ! 

Paru à Varsovie en 1922, il faut attendre 1967 pour le voir publier en France. Son auteur est un éducateur et écrivain polonais qui œuvra beaucoup pour les droits des enfants. Ce roman souhaite initier les enfants à la politique (et à l'apprentissage de la démocratie) et sensibiliser les adultes à la cause des enfants. Il est fort bien écrit et à travers une simple histoire imaginaire, l'auteur parvient à expliciter pas mal de concepts. 

 

Le personnage principal est un tout jeune garçon, Mathias, qui ne rêve que de s'amuser. Mais il est roi orphelin et doit gouverner son pays. Il souhaite le meilleur pour son peuple, cependant il a tout à apprendre. Avec son regard neuf, il tente des choses, sans compter sur la méchanceté ou la jalousie de ses adversaires.

Rédigé dans une langue accessible, comportant des explications claires et bien dosées afin que l'histoire suive son cours, avec un ton plutôt enjoué, ce roman ressemble plus à une fable qu'à un livre sérieux. Et pourtant on y apprend ce qu'est l'étiquette, la diplomatie, la dictature militaire, une réforme, un parlement, l'immunité parlementaire, un stratagème de guerre…

Bien sûr il faut replacer ce roman dans l'époque où il a été écrit pour mieux comprendre comment sont montrés les Rois noirs et leur peuple (de vrais sauvages), et que l'on en est encore qu'au début de l'aviation.

 

Précurseur de la Convention des Droits de l'enfant, Korczak initie des points de réflexion très intéressants sur l'éducation de l'enfant, l'enseignement, l'instruction citoyenne ainsi que la nécessité de savoir écrire pour communiquer (que l'on soit jeune ou vieux).

Août 2018

du même auteur
du même auteur

Le roi Mathias sur une île déserte

Que voulez-vous, chacun a besoin d'un monde à soi.

Gallimard jeunesse, 1991, 315 p. (folio junior)
Gallimard jeunesse, 1991, 315 p. (folio junior)

 

On retrouve Mathias en prison, attendant que les rois se décident sur son sort. Les intrigues vont bon train mais Mathias n'en a que faire. Il est épuisé moralement et n'a plus aucune envie.

 

Au final, il ne sera pas déporté mais exilé volontaire sur une île déserte, souhaitant fuir la compagnie des hommes. Il va y faire de multiples expériences, grandir, se renforcer tant physiquement que mentalement. 

L'avis de Catherine :

Plus court que le tome précédent, ce récit ne comporte que 37 chapitres (contre 53). Malgré les vicissitudes (car les humains n'en ont pas fini avec lui), Mathias garde un cap certain : réfléchir aux droits des enfants et améliorer leur sort.

Le jeune roi apparaît bien seul dans ce récit mais libre avant toute chose. Libre dans ses faits, ses gestes et en pensées ! Il parvient à une maturité et un grand calme, puis deviendra de plus en plus triste, semblant porter un lourd fardeau malgré son jeune âge. 

J'ai trouvé ce récit beaucoup plus sombre que le précédent. Mathias prend la mesure de ce qu'est le monde, il est déçu et lassé des humains. Il se tourne davantage vers les animaux et apprend beaucoup en les observant. Les accents utopiques du premier tome sont loin, ici le pessimisme est de mise. Libre à chacun d'en faire l'interprétation qu'il souhaite. Toujours est-il que mon ressenti de lecture est amer. Certains éléments m'ont semblé bien saugrenus, amusants même, pourtant une profonde tristesse sourd au fil des pages… Mathias a des principes et il s'y tient. Il fait preuve d'une remarquable volonté et se pose en exemple. Coûte que coûte il fera valoir ses idées.

Je ne suis pas prête d'oublier ces textes et ce personnage qui m'ont plongée plus d'une fois dans de longues réflexions ! Ce que j'aime avec Janusz Korczak, c'est qu'il nous pousse à nous interroger, met le doigt là où c'est sensible, nous ouvre les yeux sur des problèmes… sans jamais nous dire que faire ni que penser. C'est en chacun de nous que se trouvent les réponses et les solutions, c'est à chacun de chercher. Il nous montre simplement que nous pouvons si nous voulons. Je ne connaissais pas cet auteur il y a encore quelques mois et j'ai rencontré un penseur et pédagogue fabuleux qui fait preuve de beaucoup humanisme !

Août 2018

Retrouvez Takalirsa sur Facebook, Babelio, Instagram  Youtube, Twitter et Tik Tok